El Sol es la Fuente
Christina Chirouze Montenegro
En el porvenir (porque es sueño) en la historia (porque es vestigio), en el presente (porque es materia, cruda y etérea): en los espacios flotantes del tiempo eterno, se sitúa La fuente es el sol.
“El sol es la fuente”, declara y aclara Clara de Tezanos.
Y con este título, simple y contundente, invoca: luz con líquido, fusiona: agua y fuego.
En su boca, se vuelve aire, susurro, un mantra, con el poder de fortalecernos en la aprehensión del mundo y del misterio. El sol es la fuente, sí, y de ese manantial surge la vista; la forma y el color; el calor y la vida.
La obra es polifacética: pieza de múltiples piezas, se presenta como un ensamblaje entre objetos antiguos de madera, plexiglás con filtros de color, poliedros de vidrio y elementos desmantelados de cámaras fotográficas de colección ¿instalación, escultura, performance? todo aquello. Danzando entre espacio, aire y luz ambiente, La fuente es el sol tiene algo de magnético. De estética a la vez barroca y minimalista, parece estar compuesta de amuletos, talismanes, varas mágicas. Es la liberación explosiva de la materia.
Trascender la escritura de luz
Replanteando el arte de escribir con luz que es la fotografía, emancipa la imagen: ésta, fuera de la caja hermética, se ha transmutado en un ser etéreo y libre; se ha vuelto juego de luz y forma, apelando al espacio, a las retinas y al cuerpo de los espectadores. Las cámaras, antiguas, clásicas, aparecen desintegradas, inservibles, desiguales. Objetivos invertidos, lentes apuntando a la oscuridad; disparadores girando en suspenso, infinito. La foto fijada por el revelado se vuelve imaginaria, colgada en el tiempo, como cuelgan en el espacio los elementos que conforman la pieza: instalación lúdica, máquina improbable, columpio aéreo. En ellos, triángulos de colores reflejan el sol y desmultiplican sus rayos, poliedros destellan el mundo a color, reverberan sus tonos y formas. La realidad es una bailarina transfigurada en visiones caleidoscópicas.
La artista imaginó esta pieza para dialogar con colinas y volcanes, entre los escombros de lo que fuera, algún día, una iglesia barroca. El territorio guatemalteco es su marco y musa: a la vez construcción y destrucción, nacimiento y muerte; lentas edificaciones y cataclismos de un instante. Y luego: siglos de abandono a intemperies, a travesuras, a la vegetación voraz. Piedras que ya no son templo sino dichosas espectadoras del paisaje monumental. “There’s a crack in everything, that’s how the light gets in”, decía Leonard Cohen. No es casual que esta obra, desde un pensamiento heliocéntrico, haya cobrado vida en este paisaje de ruinas: su centro es luz. Y no sólo la luz obvia, la que inunda el ambiente: también la luz oculta detrás de los lugares, las cosas, las personas. Una luz poderosa cuya presencia es física o imaginaria, una luz celestial que se manifiesta en la esfera terrenal: la magia de los prismas en una atmósfera, el relieve de una roca, un follaje ávido de luz solar.
Sin testigos, en un misterioso cortejo, bajo la luz del día, jóvenes dianas y apolos cargaron solemnemente sus objetos hieráticos: en esa ceremonia silenciosa, éstos pudieron al fin en resonancia con su lugar de soberanía. Allí, entre ruinas vivas, bajo el ojo del cielo, ante el cuerpo de los volcanes, una improvisada coreografía les insufló vida: se volvieron entonces instrumentos de diálogo con el viento, de duelo con los rayos del día, para acuerpar las piedras y jugar con el firmamento. Allí, La fuente es el sol / El sol es la fuente se volvió danza cósmica de un ciclo infinito. Poesía trazada con movimiento y luz.
FR
Dans le devenir (parce qu’elle est rêve), dans l’histoire (parce qu’elle est vestige), dans le présent (parce qu’elle est matière, brute et légère) : dans les espaces flottants du temps éternel, se situe La fuente es el sol.
“Le soleil est la source”, déclare et précise Clara de Tezanos.
Et avec ce titre, simple et percutant, elle invoque : lumière et liquide ; fusionne : eau et feu.
Dans sa bouche, il devient air, murmure, mantra, doté du pouvoir de soutenir notre appréhension du monde et du mystère. Le soleil est la source, oui, et de cette source vient la vue, la forme et la couleur, la chaleur et la vie.
L’œuvre est multiple : protéiforme, elle se présente comme un assemblage de vieux objets en bois, des triangles en plexiglas aux filtres colorés, de polyèdres en verre et d’éléments démontés de vieux appareils photographiques. Installation, sculpture, performance ? Oui, tout cela à la fois. Dansant entre espace, air et lumière ambiante, La fuente es el sol a quelque chose de magnétique. D’une esthétique à la fois baroque et minimaliste, elle semble être constituée d’amulettes, de talismans, de bâtons magiques : c’est une libération explosive de la matière.
Transcender l’écriture de lumière.
En repensant l’art d’écrire avec la lumière qu’est la photographie, l’œuvre émancipe l’image : débarrassée de sa boîte hermétique, elle s’est transmuée en un être céleste et libre. Elle est un jeu de lumière et de forme, sollicitant à la fois l’espace qu’elle occupe, mais aussi les rétines et les corps actifs des spectateurs. La photographie classique semble désintégrée ; les appareils sont inutiles, biscornus. Des lentilles inversées, des objectifs pointant vers les ténèbres ; des déclencheurs restent en suspens, absurdement activés à l’infini. La photographie devient imaginaire : l’œuvre frôle le surréalisme, créatrice d’une expansion du processus à l’infini. Elle est suspendue dans le temps, tout comme les éléments qui la composent sont suspendus dans l’espace. Les triangles colorés reflètent le soleil et démultiplient ses rayons, les polyèdres illuminent l’environnement de leurs couleurs, réverbèrent ses tons et ses formes. Le monde réel devient alors danseuse au rythme kaléidoscopique.
Cette pièce fut conçue pour dialoguer avec les collines et les volcans, parmi les décombres de ce qu’était jadis une église baroque. Le territoire guatémaltèque est son cadre et sa muse : à la fois construction et destruction, naissance et mort ; réalisations lentes et cataclysmes d’un instant. Et puis : des siècles d’abandon aux éléments, aux caprices, à la végétation vorace. Les pierres ont cessé d’être temple pour redevenir spectatrices béates d’un paysage monumental.
“There’s a crack in everything, that’s how the light gets in” , chantait Leonard Cohen. Ce n’est pas un hasard si cette œuvre héliocentrique a pris vie dans ce paysage de ruines : son centre n’est autre que la lumière. Et pas seulement la lumière évidente, celle qui inonde le monde ; aussi la lumière cachée derrière les lieux, les choses, les personnes. Une lumière puissante dont la présence est physique ou fantasmée, une lumière céleste qui se manifeste dans la sphère terrestre : la magie des prismes dans une atmosphère, le relief d’un rocher, un feuillage avide de soleil.
Sans témoins, dans une procession silencieuse orchestrée par Clara de Tezanos, de jeunes Dianes et Apollons ont un jour porté solennellement ces objets hiératiques : ainsi ceux-ci ont enfin pu entrer en résonance avec leur lieu de souveraineté. Là, parmi les ruines vivantes, sous l’œil du ciel, devant le corps des volcans, une chorégraphie improvisée leur a insufflé la vie. Ils sont alors devenus des instruments de dialogue avec le vent, des épées de duel avec les rayons du jour ; s’accordant avec les pierres et jouant avec le firmament. Là, El Sol es la fuente / La Fuente es el sol est devenue danse cosmique d’un cycle infini. Poésie faite de gestes et de lumière.