Mai-Juillet 2019, Maison de l’Amérique latine, Paris
FR :
Ses paysages naissent et se développent d’abord dans son esprit, pour ensuite lentement envahir la toile. Ils l’envahissent de même que la nature tropicale colonise, lentement, décidément, chaque centimètre carré de terre ; là où les feuilles s’élèvent jusque dans les airs cherchant la lumière, l’accaparant, sans laisser le marcheur – minuscule être humain – voir le ciel. Les troncs, les feuilles, les joncs, les lianes, les racines : une biodiversité foi- sonnante qui, dans les toiles également, enserre le spectateur. Ses jungles primaires sont construites de traits verticaux, troncs fins qui s’ancrent quelque part et s’élèvent vers l’ailleurs, mais qui, entre les deux, par un jeu de perspective et de cadrage, sont étrange- ment semblables à des barreaux de prison. Par où respirer ? L’œil du spectateur cherche l’air, l’échappatoire. Il la trouve souvent dans une petite frange haute de la toile : le ciel
bleu dans lequel se découpe la silhouette des arbres, et au loin, une étendue d’eau. Cet «espoir » semble alors d’autant plus cruel : l’Eldorado est tellement loin… ou ne serait-ce qu’un mirage ?
Le cadrage des œuvres est surprenant, totalement centré sur le milieu des troncs : où se trouve alors le spectateur ? Il est face à cette forêt, et pour cela, il doit être situé en hauteur. Sur le pont d’un navire dans l’immensité de la mer ? ou bien sur une colline dénuée d’arbres, elle ? quoi qu’il en soit, la civilisation humaine, bien qu’elle ne soit pas représentée, est implicite par ces points de vue – le navire avançant vers ces côtes ou la colline ayant subi la déforestation. Les forêts de Solís représentent la lisière.
ESP :
La naturaleza que pinta David Solís es una naturaleza psíquica, interiorizada. Los paisajes nacen y se desarrollan primero en la mente del autor, antes de desplegarse progresivamente en el lienzo. Lo invaden de la misma manera que la naturaleza tropical coloniza lentamente, inexorablemente, cada centímetro cuadrado de tierra. Los árboles tienden sus ramas hacia el aire, buscando la luz, acaparándola, sin dejar siquiera al caminante – minúsculo ser humano –entrever el cielo.
Troncos, hojas, bejucos, lianas, raíces: elementos que parecen encerrar al espectador. Estos bosques primarios son hechos de palos verticlaes, que, por un juego de perspectiva y cuadro, parecen de manera extraña a barrotes de carcel. ¿Por dónde respirar? El ojo del espectador busca una escapatoria. La encuentra a menudo en una franja alta del lienzo: el cielo gris o azul en el que se recorta la silueta de los árboles, y, a lo lejos, una planicie de agua. El Eldorado se encuentra tan lejos… ¿o no será un espejismo?
La técnica de David Solís subraya su herencia académica: grafito, pintura al olio, pastel. Su maestría de formatos grandes (una docena de obras miden más de 100 x 100 cm) es una constante en su trabajo. Los formatos más pequeños revelan un gusto por el detalle más minucioso. Lisières / Linderos reúne unas 50 obras (2008- 2018) en las cuales la naturaleza toma un espacio casi exclusivo, y donde la impronta humana no se lee más que en entre líneas. A sus bosques característicos, se unen horizontes extensos, naturalezas muertas, semi-vanidades o extraños peces. Esta exposición es una invitación a un viaje interno, entre memoria y profecía.
