Tout, dans l’oeuvre de Marlov Barrios, est symbolique. A la fois scénographe de ses propres expositions, graveur, céramiste, sculpteur de bois, peintre, dessinateur, mais aussi artiste conceptuel, Marlov ne laisse rien au hasard. Ses oeuvres interpellent le spectateur sur des sujets éternels et ancrés dans notre époque, intrinsèquement guatémaltèques mais mûris par une réflexion sur la globalité : les relations de ouvoir, le centre / la périphérie, la spiritualité, la ruralité face à l’urbain, les traditions et le renouveau, la cohabitation des traditions et de l’ultramoderne, et comment, à travers le phénomène migratoire, ce sont non seulement des personnes mais aussi des temporalités différentes qui migrent vers le présent, et doivent interagir. Il conçoit son oeuvre comme un triptyque historique : d’un côté l’époque préhispanique, puis vient le monde colonial et ses manifestations dans le présent, et enfin l’époque contemporaine, avec ses influences nordaméricaines, européennes ou japonaises. A partir d’une vision formelle, symbolique, jamais narrative ni descriptive, les oeuvres de Barrios incarnent la friction et la cohabitation de ces trois univers. À travers une iconographie empruntée aux codex mayas et au baroque des églises coloniales,
l’artiste assume une position de résistance vis-à-vis de la saturation de l’image virtuelle. Il propose ce qu’il appelle “une archéologie de l’immatériel”, allant chercher dans l’ultra-contemporain des sources d’inspiration qu’il ramène à une pratique très artisanale. “Tout geste, tout silence, tout énoncé, est empreint de symboles” affirme-t-il.